L'entraînement

“Le monde est plein d’engrenages qui manquent. [...]
mais il me semble à moi, au moins pour ce qui en est de notre globe, que la seule chose qui le fasse tourner sans accroc, c’est le fait qu’ici et là, manquent des engrenages”
(Dojoji. Yukio Mishima).


“Lavoisier nous disait que rien ne se perd, tout se transforme, il en va ainsi dans une perception scientifique du monde, en art, disons plutôt que tout se détruit et se reconstruit. La représentation de la destruction, et à plus forte raison de l’autodestruction des artistes, est une valeur artistique sûre et prisée, presque un fantasme. C’est qu’on admire la détermination des artistes à chercher, abandonner et détruire pour construire ensuite une nouvelle donne. Gaël Bonnefon a cette détermination, d’autant plus qu’il analyse en photographie ce phénomène d’abandon et de destruction.
Il nous montre les rouages d’un entraînement immuable qui pousse les gens et le monde à se regarder ne jamais mourir et pourtant avancer en se détruisant. Les jeunes gens flashés ivres, camés ou nus, fougueux ou las, sont tous en position d’affût, interrogeant vaguement l’objectif du regard. Les murs branlants, les architectures obsolètes et les dalles de béton envahies de végétation parasite, semblent attendre eux aussi qu’on leur octroie un sort quelconque. Mais la mélancolie du déclin n’est qu’un élément mis en pesée par Gaël dans ses images avec son contrepoids de joyeux danger et de tension.

Le titre fait référence à la mécanique hasardeuse qui entraîne les sujets vers la réalisation de leurs aspirations, l’abandon de celles-ci, ou la chute. Ils apparaissent écrasés par l’atmosphère crépusculaire d’un monde qu’ils préfèrent appréhender de nuit, comme pour s’interdire de rêver et choisir de vivre, même à demi.
La série L’entraînement est finalement un flot immersif d’aspirations et de destruction dans lequel le photographe prend part et met en scène les vicissitudes et la grâce de sa propre vie. (...) Il n’est pas aisé de contenir l’ampleur des dégâts qu’on veut s’infliger pour aller mieux, et de réfléchir à ce qu’on veut bien abandonner...”
David Chaignon

Elegy for the Mundane
Michaël Soyez (texte de l'exposition à la Galerie du Château d'Eau 2019)

Mélancolie du crépuscule
Sébastien Porte (Télérama n°3163)

"Elegy for the Mundane" les aspérités d'un même monde
Julien Hory (Fisheye magazine)

Entre les gens
Paul de Sorbier (texte de l'exposition, Maison Salvan)

Douceurs de la vie violente
Fabien Ribery (L'intervalle)

Elégie du quotidien
Mickaël Soyez (catalogue, Château d'eau)

Une poétique de l'accident
L'intervalle (Entretien par Fabien Ribery)

About decline
(Texte de l'exposition / Galerie du Château d'eau)

Temps Zéro
Mina Lenvka (site web)

Elle est où la baballe?
Olivier Michelon (catalogue, Afiac 2013)

Les herbes fauves
Arnaud Fourrier (catalogue, Afiac 2013)

About decline - fragments -
François Saint-Pierre (notice, collection du Musée des Abattoirs)

59 km
Michel Métayer (Cheminements 2011)

L'entraînement
David Chaignon

About decline
Marine Eric (exposition Jeune création, Le Centquatre)